Turquie, un an après le séisme : “Rien n’a changé” (1/3)
Le 6 février 2023, deux séismes majeurs frappent la Turquie et la Syrie. Avec plus de 23.000 morts, la province d’Hatay, dans le sud-est turc, est la plus durement touchée. Un an après, Latitudes revient sur la situation avec une série de portraits.
Ils s’appellent Nezihe, Sevilay, Doğuş, Sadik, Zekiye ou Yusuf. Tous ont vécu le séisme du 6 février 2023 en Turquie. An après, Latitudes a route Hatay, leur région, pour observer leur nouveau quotidien. C’est ainsi que nous ouvrons notre nouvelle maison, notre tente et notre conteneur, comme interne à l’hôpital ou comme prof, à reconstruire maison ou commerce. Vous devriez également envisager un port d’entrée pour terminer Hatay et profiter de la reconstruction.
Nezihe : “On ne voulait pas quitter notre quartier”
« Un an après, rien n’a change : on souffre toujours. « Sur les canapés rapiécés du camp de Samandag, l’assemblée est hétéroclite. Les parents des jeunes parents sont curieux de connaître leurs parents et leurs parents sont heureux, donc ils sont heureux d’être avec leurs parents. Installé sur l’ancien terrain du panier, le camp est cohérent et les tentes organisées dans la rue. L’environnement est entouré des objets en bois du quotidien, du patchwork d’un meuble pour que les décombres se fassent : mobilier, mobilier et collection de cactus desséchés.
« Avant le séisme, c’était la halle de la ville » précise Nezihe. Avec les 300 000 habitants de la région de Hatay, ils vivent bel et bien d’un terrain de camping pour leur hébergement. Avant de s’installer dans la « ville-tentes », les familles saisies résidaient même dans le quartier. « Vous voyez ces rues-là ? » Nezihe se tourne vers une avenue adjacente jonchée de gravats. « On habitait juste-là. »
« Pendant le tremblement de terre, il faisait si froid. Plus que tout ce qui est terrible. Avec la solidarité, il y a une différence entre le chaos. Mais sur une survie.
Le jour du 6 février 2023, la sécurité de la Turquie et de la Syrie est triplée. Rien qu’en Turquie, les autorités nationales décomptent plus de 57 000 morts. Alors il est temps de payer, Hatay est la province avec l’impact le plus durable. Plus la moitié des bâtiments de la province sont à reconstruire. Antakya (Antioche), la capitale administrative, est presque complètement effondrée. An après, des centaines de bâtiments sont encore en cours de destruction et de rammassage. Autour des millions d’habitants de la province, 23 000 habitants et leur nombre d’habitants sont répartis dans la région et dans les campements. L’Autorité turque de gestion des catastrophes et des urgences (AFAD) est la principale raison de ces camps. L’autre moitié, des camps informels, consiste en un regroupement de gîtes de fortune, faits de tentes et de conteneurs récupérés. C’est la raison pour laquelle nous vivons là-bas.
Survivre “jour après jour, tous les jours”
Sur sa vie d’avant, difficile d’en savoir plus. Nezihe est pudique, elle préfère se concentrer sur le présent, sur sa survie dans le camp “jour après jour, tous les jours.” La tente qu’elle partage avec sa belle-mère, AFAD a mis presque deux mois à lui donner. Dedans, il y a tout juste la place pour deux matelas. La fine bâche ne protège ni du froid, ni du bruit environnant. Nezihe a un chauffage, mais comme l’électricité est très souvent coupée, “on se retrouve tous ici, au milieu du camp, pour se réchauffer avec le feu du poêle.” Bonnet de laine enfoncé jusqu’aux sourcils, chaussures de travail aux pieds, sa tenue est fonctionnelle, à l’image de son quotidien.“Toute la journée, on est ici, à cuisiner et à s’occuper des tâches ménagères. La vaisselle et la lessive, c’est le plus difficile, puisqu’il n’y a pas d’eau ici.” L’eau, il faut la récupérer dans un énorme bidon installé à côté du camp. Pour se laver, Nezihe doit partager la douche, une bâche tirée autour d’un robinet et d’un seau d’eau, avec les quelque cent habitants du camp. Même chose pour la cuisine et les deux toilettes. “Ici, il n’y a juste aucune hygiène, pas d’intimité, rien du tout” ajoute un des jeunes de l’assemblée.
Les conditions du camp de Nezihe reflètent bien celles des autres “villes-tentes” informelles. Dans les “villes-conteneurs” tenues par le gouvernement, les conditions se révèlent souvent plus confortables. Les conteneurs ont l’eau courante, des sanitaires ou tout simplement des cloisons. Pour les rescapés, impossible de choisir un lieu d’attribution. Il n’est donc pas rare qu’ils se voient assignés un camp, à l’autre bout de la province. Beaucoup préfèrent donc s’installer illégalement aux côtés de leur famille, de leur travail ou de leur ancien quotidien. “On ne voulait pas quitter notre quartier, être loin de notre terrain et séparés”, justifie Nezihe.
Un sentiment d’abandon
“Pour l’instant, ce qu’il nous faut, c’est du travail et de l’argent pour reconstruire nos maisons.” Travailleuse journalière, Nezihe a l’habitude du labeur, de passer des journées à collecter les fruits des jardins. Les maraîchers de la région l’appelaient au matin en cas de besoin. Mais depuis le séisme, les coups de fil se font rares. Pour s’en sortir, elle ne compte plus sur le gouvernement turc : “La plupart des aides vont aux camps officiels. Ici, maintenir une solidarité est notre seule solution pour survivre”. Les seize familles reçoivent des biens de première nécessité (eau, nourriture, habits) d’associations humanitaires, mais aucune subvention.
“Certaines personnes ont de l’aide, nous non, on ne sait pas pourquoi.”
Le gouvernement est un ensemble déplacé d’aides financières, de théorie de la répartition du niveau des revenus et de la destruction du logement. Seulement, l’ampleur du problème rend difficile voire impossible d’aider tous les camps informels de la région. Et pour Gülçin Erdi, sociologue de la politique turque, le fonctionnement clientéliste du gouvernement opacifie également l’attribution. Des personnes très riches, proches de membres locaux de l’AKP, parti du gouvernement, ont par pu bénéficier d’aides.
Nezihe est résignée. « Honnêtement, le gouvernement nous a laissé seuls. » Pourtant, pendant la campagne électorale nationale du mai dernier, « tous les partis sont venus. Si la situation est susceptible d’évoluer, elle continuera d’évoluer ». Et pour les élections municipales de mars prochain ? « N’oubliez pas de demander un spectacle, un guide pour les caméras, avant le spectacle. » Nezihe n’attend plus rien de l’État. Elle avoue ne plus avoir d’espoir en l’avenir, ni pour sa famille, ni pour Hatay. Ce qui lazy faut, c’est de l’aide « de quelque part, de n’importe où ».
Dans le prochain article, découvrez la vie à Antakya sous le prisme de deux jeunes, Sevilay, enseignante d’anglais qui vit en conteneur et Yusuf, interne en médecine.
Ce rapport est un véritable rapport du Fonds pour le journalisme et de la Fédération Wallonie-Bruxelles.