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Ukraine : Retour sur l’origine du conflit

- 17 juni 2022

La guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a fait plus de 20 000 morts, des milliers de blessés, déplacé près de 10 millions de personnes, détruit les infrastructures urbaines et causé des centaines de milliards de dollars de pertes économiques, est entrée dans son quatrième mois. Afin de mieux comprendre le processus et l'avenir, il est utile de se souvenir des événements chronologiquement.

Le 1er décembre 1991, nonante pour cent des Ukrainiens votaient pour l’indépendance de l’Ukraine vis-à-vis de l’Union des Républiques socialistes soviétiques lors d’un référendum tenu le 1er décembre 1991. Après ce vote l’Ukraine a déclaré son indépendance et en 1992, Leonid Kravtchouk est devenu le premier président officiel de l’Ukraine indépendante.

Il n’y a pas si longtemps, il y a environ huit ans, Poutine avait un ami à Kiev, le 4e président de l’Ukraine : Viktor Ianoukovitch . Il était très important pour la Russie d’avoir en Ukraine un président pro-russe. Cela signifiait que de nombreuses réformes démocratiques seraient bloquées et que l’unité avec l’Occident ne serait pas possible.
Lorsque, en janvier 2014, Ianoukovitch, au pouvoir pendant quatre ans, a rejeté un accord d’association à l’UE en suspens, optant plutôt pour un renflouement du crédit russe, le peuple a déclenché une révolte féroce. Après de nombreux morts et des centaines de blessés, Ianoukovitch a été renversé et a dû fuir en Russie. En conséquence, un nouveau gouvernement pro-européen a été formé.

Cette situation a été un point de rupture entre Moscou et Kiev. Le Kremlin a répondu avec des chars et a occupé la Crimée ukrainienne à la même date. Moscou a également soutenu les séparatistes dans la région pro-russe du Donbass. La guerre a alors éclaté lorsque les régions de Donetsk et Louhansk, dans l’est du pays, déclarèrent leur indépendance.

Les dirigeants européens avaient à l’époque réuni les deux parties à Minsk (en Biélorussie) dans l’espoir de trouver un traité de paix, mais en vain. La situation était désormais dans l’impasse, et la guerre était lancée. Juste à ce moment-là, un autre développement fit monter la tension. En juin 2015, la Russie annonça un projet de 2 gazoducs de gaz naturel nommé North Stream. Le tracé du gazoduc en mer Baltique ne passerait pas par l’Ukraine et cela voulait dire que Kiev perdrait des millions de dollars en frais de transit.

Un autre tournant viendra en 2019 avec l’élection du leader charismatique Zelenski, toujours en poste et présenté comme le dernier héros de l’Europe, comme 6e président de l’Ukraine. Depuis le jour de son élection, il a réitéré ses appels d’adhésion à l’OTAN et renforcé les liens du pays avec l’Europe. Un de ses plus grands accomplissements est peut-être d’avoir réussi à développer une conscience nationale commune aux Ukrainiens.

2022 La Russie envahit militairement l’Ukraine

Le 24 février 2022, le président russe Vladimir Poutine a lancé une offensive militaire, qu’il a qualifiée d’ « opération spéciale », dans le but de « démilitariser l’Ukraine et le nazisme ». Les analystes occidentaux pensent que Moscou a agi en pensant que l’armée russe pourrait envahir l’Ukraine en seulement 24 heures, mais les événements se sont déroulés différemment.

En effet, contrairement aux prévisions militaires russes, l’Ukraine a résisté. Poutine et le Kremlin n’avaient pas pris en compte l’endurcissement de l’Ukraine depuis le début de la guerre au Donbass, ni la détermination des Ukrainiens à résister.

Contre la Russie, qui attaquait sans distinction entre soldats et civils et montrait sa puissance au monde entier, les pays occidentaux et européens, dont la Belgique, ont tenté d’épuiser Moscou avec des sanctions économiques et ont fourni un soutien matériel à l’Ukraine. Cela a sans doute contribué à la motivation des troupes et à l’organisation de la résistance ukrainienne.

Des pays en soutien à la Russie

Certains pays se sont rangés directement ou indirectement du côté de la Russie suite à l’occupation de l’Ukraine. Les plus importants d’entre eux sont la Chine, l’Inde, la Corée du Nord, l’Iran et le Pakistan.
Le positionnement de la Turquie est intéressant et mérite que l’on s’y attarde. Le pays, créé en 1923 et membre de l’OTAN depuis 1952, a été coupable depuis sa création de graves violations des droits humains et de crimes de guerre. Le régime actuel d’Erdogan est particulièrement impitoyable contre les minorités de son propre pays et les partisans de la démocratie et de la liberté. Pourtant, cela ne l’empêche pas de vouloir jouer un rôle de médiateur pour la paix dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine.

Fuir la guerre est tout aussi difficile que rester et se battre

En plus de l’armée, de nombreux civils ukrainiens se sont mobilisés pour la défense de leur pays. Pour fuir la guerre, un grand nombre d’autres civils ont été contraints de quitter l’Ukraine pour d’autres pays. Plus la guerre durera et plus le nombre de ces réfugiés risquera d’augmenter.

Dans une déclaration faite en mars 2022, le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a souligné qu’avec l’invasion russe de l’Ukraine, l’Europe connaitrait sa plus grande crise migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale. En effet, quelque 7 millions d’Ukrainiens ont quitté le pays. Et compte-tenu des retours en Ukraine, plus de 4 millions sont aujourd’hui en exil. D’après le UNHCR et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), la moitié des réfugiés qui fuient l’Ukraine sont des enfants et 25 % de l’autre moitié sont des femmes. Comme cela a toujours été le cas historiquement, les premiers touchés par la guerre sont les enfants, et les femmes sont au deuxième rang.

Il est certain que cette guerre aura de mauvaises conséquences en termes de droits humains. Comme pour tous les conflits, les réfugiés ukrainiens sont confrontés à un risque accru de mauvais traitements. Il y a notamment des craintes sur les conditions des réfugiés en Pologne, là où ils sont les plus nombreux.
Cette guerre a également accru les inquiétudes « sécuritaires » de l’Europe. Face à une crise humanitaire et aux vagues de migration, l’UE essaie de trouver un juste équilibre entre supporter l’Ukraine, sanctionner la Russie et ne pas être impliqué dans la guerre. Qu’est-ce qu’elle peut faire de plus?