Afghanistan : un an d’agonie
Un an après la prise du pouvoir par les talibans, l’Afghanistan est redevenu un véritable enfer pour les citoyens, et plus particulièrement pour les femmes du pays. Une fois encore, les forces talibanes imposent un apartheid sexuel, en privant les femmes et les jeunes filles de leurs droits les plus élémentaires alors qu’elles représentent près de 50 % de la population afghane. Dévasté par une succession de guerres, l’Afghanistan est un pays où les voix des femmes, des jeunes et de certains groupes ethniques sont réduites au silence.
Le 15 août 2021, le territoire a été saisi par les talibans et le réseau Haqqani a pris le pouvoir par les armes. Lorsque ces fondamentalistes islamistes ont pris le contrôle de Kaboul, vingt ans de progrès et de liberté ont été réduits à néant.
Au cours de cette dernière année, les droits des groupes de la société civile, les militants politiques, les minorités religieuses et la population afghane ont été violés sans aucun scrupule.
Les génocides, les déportations et la migration forcée, la discrimination ethnique et linguistique sont des phénomènes courants dans certaines régions du pays. Septante pour cent de la population souffre du manque de nourriture au quotidien. Les hôpitaux ne parviennent pas à traiter les nombreux malades et, par conséquent, les épidémies se propagent.
En raison de la discrimination de genre, les femmes et les filles ont perdu leurs droits fondamentaux, dont l’accès à l’éducation, et vivent dans une situation incertaine et sans issue. Les jeunes du pays sont fortement touchés par le chômage, par le manque d’établissements scolaires et par une multitude de restrictions sociales injustes.
En Afghanistan, les talibans obligent les femmes à porter la burqa ou le niqab et à être accompagnées par un tuteur lorsqu’elles sortent en rue. La plus grande majorité d’entre elles sont écartées du monde professionnel et de l’éducation tandis que celles qui manifestent pour défendre leurs droits sont enlevées, emprisonnées, torturées, violées ou tuées par le groupe terroriste.
Les filles n’ont pas accès aux universités et aux lycées. Cependant, les plus chanceuses d’entre elles poursuivent leur scolarité dans des écoles clandestines où des femmes courageuses enseignent au péril de leur vie.
Ainsi, les femmes afghanes ont recours à la résistance pour mettre en garde les citoyens du monde contre les nouveaux dirigeants de Kaboul. Malheureusement, la terre entière fait la sourde oreille alors que les conséquences sont désastreuses, non seulement pour ces femmes, mais aussi pour tout le pays, plongé dans une terrible crise humanitaire. Afin de faire face à cette situation, il est indispensable de repenser le statut des femmes et de leur laisser une place à la table des négociations plutôt que de légitimer les talibans par terme « autorité de facto ». Les talibans doivent être appelés par leur nom : des terroristes. Or, nous en sommes loin.
La politique talibane repose sur trois piliers : l’interdiction à l’éducation, au travail et à la liberté d’expression pour les femmes, l’encouragement des mariages forcés ainsi que l’entretien de liens étroits avec l’organisation terroriste islamiste Al-Qaïda.
De plus, les femmes se voient refuser le droit d’organiser des manifestations. Récemment, des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré les forces de sécurité talibanes ouvrir le feu sur les manifestantes à Kaboul.
Cette dernière année, la violence et l’extrémisme des talibans se sont accrus alors que les lois du pays se sont endurcies, notamment à l’encontre de la population féminine.
Chaque jour, les talibans organisent des descentes aux domiciles des anciens travailleurs, effectuent des arrestations arbitraires, emprisonnent et tuent d’anciens civils et militaires et poursuivent le génocide des Tadjiks et des Hazaras. Le peuple afghan souhaite que la communauté internationale considère ces faits comme des crimes de guerre.
La liberté d’expression est presque inexistante en Afghanistan. En effet, alors que les libertés de pensée et d’expression sont si cruellement réprimées par ce groupe d’extrémistes et de dictateurs, pourquoi le reste du monde essaie-t-il de faire face à ces violateurs des droits humains ? La vie des Afghans compte-t-elle vraiment ?
Autrefois, plus de 3 000 femmes travaillaient dans les médias. Aujourd’hui, moins de 100 exercent, uniquement à Kaboul, dans des conditions difficiles. Plus de 250 médias, dont des télévisions, des radios et des journaux, ont dû fermer leurs portes alors que les journalistes font face à de sérieux risques et dangers.
Le président américain, Joe Biden, a révélé qu’Ayman al-Zawahiri, chef du réseau terroriste Al-Qaïda, a été tué par une frappe de drone américain à Kaboul. Toutefois, les talibans affirment que leur régime a toujours respecté leurs engagements afin que l’Afghanistan ne serve pas de base au terrorisme international. Ils prétendent également avoir coupé les liens avec les groupes terroristes tels qu’Al-Qaïda. Cependant, la présence d’Al-Zawahiri à Kaboul semble contredire leurs propos et prouve leur malhonnêteté envers le peuple afghan et le monde entier.
Les principaux enjeux de la politique étrangère talibane concernent la situation au Pakistan, en Iran, en Inde, au Tadjikistan et en Chine. Les événements récents, notamment les affrontements réguliers aux frontières afghanes, ne sont pas acceptables. Les talibans tentent parfois de maintenir le contact par voie diplomatique avec l’Union européenne et l’ONU, de la même manière que les gouvernements du Qatar et du Pakistan. L’UE et l’ONU, quant à elles, tentent de résoudre la question des sanctions contre les dirigeants talibans et de remédier à la crise économique. Toutefois, la population afghane critique les organisations et les gouvernements, car elle voit l’aide internationale, qui lui est destinée, aboutir directement et uniquement entre les mains des talibans. Toutes les semaines, entre 23 et 30 millions de dollars sont versés par l’ONU aux talibans alors qu’aucun compte-rendu n’est soumis sur la manière dont ils dépensent ces sommes.
Nous devons nous interroger sur le rôle de la communauté internationale et, en particulier, celui des États-Unis.
En effet, les décisions emblématiques du président Biden en matière de politique étrangère visaient clairement à éliminer toute présence étrangère du sol afghan et à mettre fin à une guerre dont il ne voyait pas le bout, tout en réduisant les dépenses militaires qui s’élevaient à près d’un milliard de dollars par semaine.
Cette stratégie a laissé le peuple afghan face à un cauchemar. Le moment est venu de contrer la stratégie des talibans, chose que les défenseurs des droits humains réclament depuis longtemps. Il faut mettre un terme immédiatement aux négociations avec les terroristes. En résumé, la reconnaissance des talibans doit être proscrite et une aide humanitaire doit être fournie par le biais d’ONG indépendantes.
Afghan Women in Exile a lancé un appel à la mobilisation : « Les talibans au pouvoir ne respectent ni les lois ou conventions internationales ni les droits humains. Le pays ne possède plus de constitution tandis que la population subit tous les sacrifices possibles et imaginables sous l’oppression de fondamentalistes acharnés. »
« Le peuple afghan (hommes et femmes, personnes âgées et jeunes) fait face à une situation critique dans un climat marqué par les crimes et les assassinats ciblés. Nous subissons des meurtres de masse, des assassinats de jeunes et d’enfants, des viols de femmes et des mariages forcés. De plus, les femmes qui protestent contre les talibans, des soldats, des journalistes, des employés, des célébrités du pays, en particulier dans le nord, ont été persécutés, emprisonnés et assassinés par les talibans. Comment peut-on, au xxie siècle, voir un pays devenir une prison pour ses citoyens et que le monde se contente de regarder avec indifférence ? »
L’intervention militaire du Pakistan en Afghanistan est passée sous silence : les interventions sur le sol afghan et l’ingérence des affaires politiques du pays sont des problèmes de longue date qui ont pour origine la création de l’ISI (Inter-Services Intelligence) et qui connaît son apogée dans cette situation dramatique.
Des soldats pakistanais sont actifs sur le front afghan et le système gouvernemental des talibans (gestion et direction) est directement soutenu par l’ISI. Par conséquent, les ressources et les mines souterraines de l’Afghanistan sont pillées par des pays de la région, en particulier par le Pakistan. Pourquoi les organisations juridiques du monde gardent-elles le silence à ce sujet ?