Aimé Ovambe, d’étudiant étranger à étudiant engagé
Aimé Ovambe est un étudiant de nationalité camerounaise arrivé en Belgique en 2021. Aujourd’hui, il est délégué student au sein de l’Union des Étudiants et Chercheurs Étrangers de l'UMONS (UECE). Son parcours remarquable et édifiant mérite une attention particulière.
Aimé Ovambe est un jeune homme de 23 ans, courageux et volontaire. En effet, en 2021, il quitte tout et s’envole direction la Belgique. Il n’y a aucune famille ni aucun ami. Il se retrouve donc seul comme face à l’infranchissable mur que semble être sa nouvelle vie. Étant venu en Belgique pour étudier, Aimé prend contact avec l’UECE afin d’avoir des informations pratiques sur la vie académique belge.
L’UECE, une aide fondamentale
L’UECE est une association à but non lucratif représentant les intérêts des étudiants et chercheurs étrangers à l’université de Mons. Elle a été fondée par des étudiants polonais de la Faculté Polytechnique de l’UMONS qui ne parvenaient pas à y trouver leur place, rapporte Ambre Kasonia, présidente de l’UECE.
Ses objectifs sont multiples. L’UECE se bat pour l’intégration et l’épanouissement des étudiants et des chercheurs étrangers au sein de l’université de Mons. Elle s’occupe des divers problèmes académiques auxquels ils sont confrontés. Elle organise également différentes activités, explique la présidente.
Un chemin semé d’embûches
« Quand je suis arrivé, ce n’était pas tout rose », affirme Aimé, sans son grand sourire habituel. En effet, les premiers obstacles se présentent vite. Aimé ne peut pas faire valoir les quatre années d’études supérieures en ingénierie qu’il a effectuées au Cameroun. Ses nombreux efforts sont donc réduits en cendres.
Déterminé, Aimé ne se laisse pas abattre. Il décide de se préparer pour passer l’examen d’entrée à la Faculté Polytechnique de l’UMONS, ayant lieu seulement une semaine après son arrivée en Belgique. Il travaille dur et réussit l’examen d’admission.
“Pour moi, l’intégration n’a vraiment pas été facile.”
C’est ainsi qu’en septembre 2021, Aimé entame sa première année de bachelier à la Polytech orientation bioingénieur. L’examen marque une première étape franchie brillamment par Aimé.
Cependant, il lui reste encore à s’intégrer. Le regard fuyant, Aimé déclare timidement : “Quand je suis arrivé, j’étais tout seul, donc pour moi, l’intégration n’a vraiment pas été facile.”
L’inclusion n’est pas la seule difficulté que rencontrent Aimé et d’autres étudiants étrangers.
De nombreuses discriminations
Les étudiants et chercheurs étrangers sont malheureusement fortement discriminés dans le paysage académique belge, rapporte Aimé. D’abord, afin de pouvoir étudier en Belgique, les étudiants étrangers doivent prouver qu’ils disposent de moyens suffisants afin de financer leurs études et leur quotidien.
Cependant, la question monétaire constitue un point sensible. En effet, la précarité étudiante est bien réelle. Selon la « RTBF », en 2023, un peu plus de 35 % des étudiants francophones y sont confrontés. Pour contrecarrer ce phénomène, des bourses et aides peuvent leur être accordées. Ce n’est pas le cas des étudiants étrangers.
En effet, Pharell Tachago, collègue d’Aimé, explique qu’ils ne peuvent pas bénéficier d’une bourse en Fédération Wallonie Bruxelles à moins qu’ils n’aient fait cinq ans d’études en Belgique. En cinq ans, il est possible d’être diplômé. Où est donc l’intérêt ? En cas de difficultés financières, les étudiants étrangers peuvent être pris en charge par un garant. Les critères à satisfaire sont stricts, d’autant plus depuis l’application de la nouvelle réforme du Décret Paysage, en 2021, rapporte Ambre Kasonia.
En effet, pour pouvoir se porter garant, le volontaire doit toucher plus de 2.800 € net par mois, comme précisé sur le site Internet d’Infor Jeunes Bruxelles (IJBXL). Or, selon le journal « Le Soir », le salaire net moyen d’un Belge se situe entre 1.339 € et 1.814 € par mois en 2023. Ces montants sont donc loin d’être suffisants… De plus, le garant potentiel venant d’un pays hors Union Européenne doit prouver son lien de parenté avec l’étudiant étranger, contrairement aux volontaires issus de pays de l’UE, explique Pharell Tachago.
Ensuite, les étudiants étrangers doivent posséder un permis de séjour afin de pouvoir étudier en Belgique. Ce visa doit être renouvelé annuellement en octobre. Cependant, les délais pour l’obtenir peuvent aller jusqu’à plusieurs mois après la demande.
Or, sans titre de séjour, les étudiants étrangers sont très limités, explique Aimé. Il souligne également autre forme de discrimination dont sont victimes les étudiants étrangers : ils n’ont qu’une chance de réussir leur première année de bachelier, contre deux pour les étudiants belges. « J’ai une amie ivoirienne qui avait 23 crédits à la fin de sa BAC 1 et elle n’a pas pu se réinscrire alors que c’est normalement autorisé », déclare Aimé, agacé.
Agir, c’est l’avenir
C’est contre toutes ces injustices que se bat l’UECE. Aimé Ovambe y est devenu délégué student. Il explique qu’il est chargé de résoudre les problèmes académiques que rencontrent les étudiants et chercheurs étrangers au sein de l’UMONS.
Le parcours d’Aimé démontre qu’il ne faut jamais abandonner.
Note : cet article a été rédigé par une étudiante en 2e année de l’option Information et Communication de l’UMons, dans le cadre d’un atelier coordonné par Lorrie D’Addario et Manon Libert.