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Les journalistes palestiniens pris pour cibles par l’armée israélienne

- 22 novembre 2022
© AFP

Selon Amnesty International, 723 détenus palestiniens sont actuellement incarcérés dans des prisons israéliennes, sans avoir été inculpés ou jugés. Ces citoyens ont été emprisonnés sur ordres de détention administrative pour une durée interminée.

Dans les prisons israéliennes, les détenus palestiniens et arabes font face à des conditions inhumaines et subissent systématiquement des tortures physiques et psychologiques brutales. Ils sont notamment confrontés à des refus de soins médicaux, des retards délibérés dans le traitement des maladies ou des blessures (quelle qu’en soit leur gravité), de la répression, de l’humiliation et de la torture physique infligées par les agents israéliens des services de détention ainsi que par les équipes des interrogatoires. Par conséquent, de nombreux prisonniers sont sévèrement blessés et fragilisés.

Aujourd’hui, les occupants exercent des actes extrêmement brutaux dans le but de détruire la raison et le corps, et ce, sous les yeux de l’Humanité. En effet, le régime politique et judiciaire israélien a légalisé toutes les pratiques de torture physique et psychologique à l’encontre des détenus et prisonniers palestiniens et arabes, quel que soit leur sexe ou leur âge, sans la moindre discrimination et pitié. Il est évident que cette pratique systématique augmente de manière significative et est de plus en plus fréquente. De plus, cette légitimation viole plusieurs chartes et traités internationaux.

Détention administrative contre des Palestiniens

La détention administrative est une procédure utilisée par les forces armées israéliennes occupantes dans le but d’arrêter des civils palestiniens sans qu’ils soient inculpés ou jugés. En effet, les mandats d’arrêt sont lancés sur la base d’informations secrètes, que les détenus et leurs avocats n’ont pas le droit de consulter. Cette pratique est utilisée lorsque les autorités ne disposent pas de suffisamment de preuves pour justifier une arrestation, selon les ordres militaires imposés par la puissance occupante en Cisjordanie. Les détenus et leurs avocats ignorent les raisons de la détention, ce qui mène à une défense fragile et inefficace. De plus, les détentions administratives, dont la durée varie entre un et six mois, sont souvent renouvelées à plusieurs reprises, sans que le nombre de renouvellements soit précisé.

Au regard du droit international, les détentions administratives sont illégales et arbitraires.

Selon Amnesty International, 723 détenus palestiniens sont actuellement incarcérés dans des prisons israéliennes, sans avoir été inculpés ou jugés. Ces citoyens ont été emprisonnés sur ordres de détention administrative pour une durée interminée.

La majorité des hommes sont actuellement détenus à Ofer, dans le Néguev (Ketziot), ou à Megiddo, alors que les femmes sont incarcérées à la prison de Damon. Cette situation va à l’encontre de la quatrième convention de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre, selon laquelle les prisons doivent se situer sur les territoires occupés.

Manifestations

Afin de manifester leur désaccord vis-à-vis de la brutalité israélienne et de protester contre le terrorisme exercé vis-à-vis d’eux, 50 détenus administratifs ont lancé un mouvement de grève de la faim il y a plusieurs semaines. Cette grève a pris fin au terme de 19 jours d’abstinence alimentaire. Ces détenus ont épuisé leurs forces dans cette protestation contre cette politique arbitraire systématique, dans laquelle ils ont tenté d’attirer l’attention de l’organisation internationale et du monde entier sur la réalité tragique que le peuple palestinien subit au quotidien.

Faits et chiffres

Selon les rapports des organisations de défense des droits humains, les autorités au pouvoir ont prononcé 245 décisions de détention administrative au cours du mois de septembre. Ainsi, entre le début de l’année 2022 et la fin du mois de septembre, 1 610 décisions de détention administrative et de renouvellement ont été rendues. Plus précisément, le nombre de nouvelles incarcérations s’élève à 723 (à savoir 44,9 % de l’ensemble des décisions rendues par les autorités) alors que le nombre de prolongations de la période de détention administrative atteint 887 (à savoir 55,1 % de l’ensemble des décisions rendues par les autorités).

Selon les rapports et les données statistiques, le nombre de détenus administratifs dans les prisons palestiniennes, qui a augmenté de manière significative cette année, est le plus élevé depuis 2008.

À l’heure actuelle, on compte 4650 prisonniers et détenus palestiniens dans les prisons d’occupation, dont 32 femmes, 180 mineurs et 723 détenus administratifs. Parmi ces derniers, trois sont des femmes et quatre des enfants.

Selon le Palestinian Center for Prisoners and Detainees Studies, la politique de détention administrative est utilisée par les occupants afin de maintenir les Palestiniens derrière les barreaux le plus longtemps possible. Étant donné qu’ils n’ont été ni inculpés ni jugés sous prétexte que leur dossier est secret, ces prisonniers sont en réalité des otages politiques des autorités occupantes.

Cette politique est appliquée à tous les Palestiniens, indépendamment de leur profession ou de leur âge. Chacun d’entre eux représente une cible, y compris les militants des droits humains et des communautés ainsi que les journalistes.

Exemples actuels

Israël utilise la détention administrative afin de cibler de nombreux militants palestiniens, notamment les défenseurs des droits humains, les journalistes ainsi que les acteurs des institutions civiles et communautaires sur le sol de la Palestine occupée, et plus particulièrement dans la ville de Jérusalem.

Salah al-Hamouri est l’un des prisonniers administratifs qui a récemment participé à la grève de la faim. Cet avocat et journaliste de nationalité française est spécialisé dans les droits humains et est détenu à la prison de Hadarim. Le 3 mars 2022, il a été arrêté à son domicile à Jérusalem, avant d’être placé en détention administrative pour trois mois. Alors que la fin de sa peine approchait, les autorités d’occupation ont réitéré sa détention pour la deuxième fois.

Salah al-Hamouri est avocat et chercheur pour la Addameer Foundation for Prisoners’ Rights. Il y a quelques années, dans le cadre d’une opération de harcèlement contre sa personne, les forces occupantes ont arrêté sa femme enceinte de sept mois, avant de l’expulser vers la capitale française.

Nidal Abu Akar, journaliste et producteur de radios, est le plus ancien des détenus administratifs à avoir participé à la grève de la faim. Incarcéré à la prison du désert du Néguev, il a fait l’objet de plusieurs détentions administratives. La dernière en date remonte au mois d’août de cette année, près de deux mois et demi après sa libération par les autorités occupantes.

Israël et les conventions internationales

Depuis le début de l’occupation israélienne et jusqu’à présent, les autorités ont adopté des lois arbitraires qui garantissent la souveraineté du pays, son expansion et sa survie au Moyen-Orient, sur la terre palestinienne. Pour ce faire, le gouvernement a autorisé la mise en application de lois brutales et les violations permanentes sur les territoires occupés. Parmi ces dernières, on compte notamment l’établissement de colonies, la confiscation de terres, la démolition de maisons, l’application de mesures restrictives en permanence, l’arrestation d’enfants et d’adultes, le ciblage de journalistes et de militants des droits humains ainsi que de nombreux assassinats.

Depuis sa création, Israël se considère toujours comme un pays en situation de crise et justifie ainsi l’utilisation continue de règlements d’urgence de la manière que le pays juge appropriée.

Les prisons ainsi que les centres de détention et d’investigation font partie de ce système et font l’objet de ses pratiques terroristes : répression, torture, contrôle et violation. De plus, il convient de souligner que les enquêteurs israéliens sont juridiquement protégés et que, par conséquent, ils ne sont pas traduits en justice. Dès lors, cette situation assure le maintien de ce système. En outre, il est important de révéler que malgré le fait qu’Israël ait signé la Convention des Nations Unies contre la torture, le pays se garde de promulguer une loi claire et directe sanctionnant la torture des journalistes et des défenseurs des droits humains ainsi que leur poursuite.

Journalistes palestiniens ciblés par les forces israéliennes

Le 11 mai 2022, les forces israéliennes ont tué la célèbre journaliste Shireen Abu Akleh dans la ville palestinienne de Jénine alors qu’elle couvrait un raid militaire israélien.

En conséquence, le Syndicat des journalistes palestiniens (PJS), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), ainsi que la famille de Shireen Abu Akleh accompagnée d’avocats, ont déposé une plainte auprès du Bureau du Procureur général de la Cour pénale internationale de La Haye, afin qu’une enquête soit menée sur les responsables de cet assassinat.

Selon le PJS, « malgré la pression intense exercée par l’occupation et son influence à l’étranger », ils ont réussi à déposer un dossier de plainte complet contre l’occupation israélienne auprès des autorités de La Haye. Les forces occupantes sont accusées d’avoir assassiné la journaliste Shireen Abu Aqleh, d’avoir blessé leur collègue journaliste Ali Al-Samoudi et d’avoir pris pour cible leur collègue Shatha Hanaisheh le 11 mai 2022 à Jénine.

Soumission du dossier à la Cour pénale internationale

Le dossier de plainte concernant Shireen Abu Aqleh a été déposé après que toutes les procédures légales nécessaires ont été effectuées pour garantir le bon déroulement de l’affaire et pour obliger le procureur de la Cour pénale internationale à ouvrir une enquête et à traduire en justice les dirigeants de l’occupation ainsi que les responsables de ce crime.

Les deux avocates, Jennifer Robinson et Tatyana Eatwell, ont soumis la plainte, démontrant l’importance de l’ouverture d’une enquête sur cet assassinat par la Cour. Elles ont également exigé un suivi minutieux de la plainte, notamment de toutes les déclarations, les enquêtes officielles et médiatiques, ainsi que les témoignages soumis au Parquet dans le cadre de l’affaire.

De plus, le PJS a révélé qu’avant de transmettre le dossier à la Cour pénale internationale, « les autorités occupantes, les forces de soutien extérieures et le lobby israélien ont exercé une pression intense sur les institutions et les parties internationales afin de compromettre et d’entraver les procédures de soumission et de déclaration. »

Par ailleurs, la direction de l’hôtel de La Haye, qui avait accepté d’accueillir la conférence de presse lors que laquelle était annoncée la déposition d’une nouvelle plainte auprès de la Cour pénale internationale concernant le meurtre de la journaliste Shereene Abu Akleh, s’est excusée de tenir cet évènement dans ses locaux.

D’autres hôtels ont refusé de mettre à disposition une salle pour la conférence.

Selon Tatyana Eatwell, qui représente la famille d’Abu Akleh, Ali al-Samoudi et les familles d’autres journalistes palestiniens, les conséquences de l’impunité sont significatives et de grande envergure. De plus, elle mène à la poursuite du harcèlement des journalistes par l’armée israélienne.

D’après le PJS et la FIJ, Israël et ses dirigeants doivent être poursuivis pour tous les crimes commis contre les journalistes.

Ils ont également souligné qu’avec le soutien de la FIJ, de ses affiliés et des amis de la Palestine, ils continueront à défendre les droits des Palestiniens dans le but de faire justice. Finalement, ils veilleront à ce que les auteurs de crimes contre des journalistes et des personnes innocentes répondent toujours de leurs actes et soient punis conformément aux lois internationales.