—  Droits humains  —

Violette : « Ce parcours, il va me fortifier » (photos)

- 29 juin 2024
Originaire du Bénin, Violette a grandi en France. Elle y a étudié le journalisme et la communication. Aujourd’hui, à Bruxelles, elle se bat pour retrouver ses droits et un toit. © Aurore Wion.

Lorsqu'est évoqué le sans-abrisme, beaucoup de préjugés peuvent venir à l'esprit. Pourtant, être sans-abri ne devrait pas définir quoi que ce soit d'une personne. Violette, originaire du Bénin, est à la rue depuis bientôt deux ans. Elle a accepté de raconter son histoire avec l'espoir de faire changer les mentalités.

Une femme souriante et remplie de courage. Ce sont les mots qui me viennent en tête lorsque je repense à notre première rencontre. Violette était assise dans la cafétéria du Clos, un centre de jour mixte appartenant à l’ASBL L’Ilôt, qui lutte contre le sans-abrisme depuis 1960.

 

Du Samu au Clos, en passant par l’arrêt de tram-refuge de la porte d’Anderlecht et l’église du Parvis de Saint-Gilles, 24 heures de la vie d’une femme sans-abri à Bruxelles. © Reportage photo Aurore Wion.

Situé à quelques mètres du parvis de Saint-Gilles, le Clos accueille les personnes en situation de précarité cinq jours par semaine. À l’intérieur, des repas sont distribués le matin et à midi et les usager.ères peuvent faire leur lessive et prendre une douche. En plus du Samu où elle passe la nuit, Violette fréquente cet endroit depuis presque deux ans, période à laquelle elle s’est retrouvée à la rue.

  « J’étais journaliste et maintenant je suis sans-abri. »

Originaire du Bénin, Violette a grandi en France. Elle y a étudié le journalisme et la communication. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles elle a accepté de me raconter son histoire. «J’aimerais faire changer les mentalités sur la précarité et montrer que cela peut arriver à tout le monde. J’étais journaliste et maintenant je suis sans-abri. Ce parcours va me fortifier.»

Entre l’année 2020 et 2021, elle retourne au Bénin pour prendre soin de son père mourant. C’est une décision que Violette ne regrette pas bien qu’il s’agisse d’une des causes de sa situation actuelle. «J’étais mariée à un médecin, j’habitais dans un appartement à Ixelles.»

Abandon de famille

Quand elle est partie, son mari ne l’a pas supporté et l’a envoyé en justice pour abandon de famille. Du fait de sa présence au Bénin et de la pandémie mondiale qui venait de surgir, Violette n’a pas su se rendre au tribunal pour l’audition et s’est donc retrouvée sans logement à son retour à Bruxelles, mi-2022. Son mari étant, à cette époque, le garant du loyer.

Aujourd’hui, Violette se bat pour retrouver ses droits et participe à des nombreux projets liés à cette thématique. Elle est notamment active au sein du Syndicat des immenses, un groupe de pression et d’action qui se bat pour les droits des personnes en non-logement ou en mal-logement.

« Je n’arrive pas à rester en place. Si je ne fais rien, j’ai l’impression de perdre du temps. »

En plus de sa participation dans le syndicat, Violette aide activement au Clos où elle effectue des tâches diverses et variées en fonction des besoins. «Je n’arrive pas à rester en place. Si je ne fais rien, j’ai l’impression de perdre du temps. Sortir et discuter avec des gens ça fait du bien au moral.»

Ces dernières phrases me permettent de remercier du fond du cœur Violette pour la confiance qu’elle m’a accordée en vue de la réalisation de ce projet. Elle m’a ouvert les portes de son quotidien rythmé mais surtout très enrichissant.

J’ai appris énormément sur le sans-abrisme et je pense que c’est le but même du journalisme : apprendre encore et toujours.

Note : cet article a été réalisé par une étudiante en MA2 de l’ULB, dans le cadre d’un atelier coordonné par Gaël Turine.