Briser le silence et reconstruire des vies : le combat essentiel du GAMS Belgique contre l’excision (2/3)

À l’heure où les violences faites aux femmes prennent encore trop souvent la forme du silence, le GAMS Belgique agit. Depuis près de trente ans, cette association lutte sans relâche contre les mutilations génitales féminines (MGF), avec une approche profondément humaine, communautaire et transformatrice.
En 2025, une évaluation menée par ESSEC Impact Unlimited vient confirmer la portée considérable de son action, et met en lumière un modèle d’accompagnement unique, aux résultats concrets.
Un lieu de parole, de compréhension et de reconstruction
Pour de nombreuses femmes, franchir la porte du GAMS Belgique marque le début d’un processus de guérison. Elles y trouvent une écoute bienveillante, des informations claires sur les conséquences de l’excision, et surtout, la possibilité de reprendre le pouvoir sur leur propre histoire.
Deux fois par mois, des groupes de parole permettent aux femmes victimes d’excision de se retrouver, de parler, de pleurer, de rire aussi, et de briser ensemble le mur du silence. Pour Aïssata, ces moments sont devenus essentiels. « Avant, je n’en parlais à personne. Je pensais que j’étais seule, que c’était normal ce qu’on m’avait fait. Au GAMS, j’ai rencontré d’autres femmes, j’ai compris que j’avais le droit d’en parler. Aujourd’hui, j’en parle même à mes filles. »
« Le GAMS, ce n’est pas juste une association. C’est une lumière. »
« Avant de rencontrer le GAMS, je vivais avec une douleur silencieuse. Je n’osais pas en parler, même pas à mes proches. J’avais honte, je pensais que c’était mon fardeau à porter seule. Et puis un jour, j’ai poussé la porte du GAMS… et ma vie a changé, dit-elle. J’ai été accueillie sans jugement, avec respect et chaleur. J’ai pu mettre des mots sur mes blessures, comprendre que je n’étais ni coupable, ni seule. J’ai trouvé un espace de parole, de soins, et surtout, d’écoute. Grâce au GAMS, j’ai repris confiance en moi, j’ai retrouvé ma dignité. »
Aujourd’hui, Awa se dit libérée. « Le GAMS, ce n’est pas juste une association. C’est une lumière. Une main tendue quand on pense que plus personne ne peut nous aider. C’est une famille. C’est ma famille. »
91% des femmes accompagnées disent avoir compris qu’elles avaient le droit de parler de leur excision. 84% se sentent plus heureuses depuis leur passage par l’association. 33% ont empêché une excision, convainquant à elles seules plus de 4.000 personnes d’abandonner cette pratique.
Les hommes aussi sont partie prenante
Trop souvent écartés de ces enjeux, les hommes jouent pourtant un rôle déterminant. Le GAMS Belgique l’a bien compris et leur propose un accompagnement spécifique. Résultat : 97% des hommes interrogés souhaitent désormais s’engager activement dans la lutte contre les mutilations génitales féminines.
C’est le cas de « Tonton Moussa », comme l’appellent affectueusement les femmes qu’il accompagne. Relais communautaire depuis 2015, il est l’un des premiers hommes formés par le GAMS Belgique. Engagé sur le terrain depuis près de dix ans, il participe chaque année aux événements du 6 février – la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF) – à Liège, Bruxelles, Namur, Verviers et Anvers.
« En tant que homme, que père, on ne peut pas fermer les yeux. »
« Quand j’ai suivi la première formation du GAMS en 2015, j’ai compris que le silence faisait autant de mal que l’excision elle-même. J’ai décidé, ce jour-là, que je parlerais, que je sensibiliserais, que je serais un relais pour ma communauté. »
Tonton Moussa a accompagné de nombreuses femmes victimes de MGF et de mariages forcés, en leur offrant écoute, conseils, et soutien. « L’excision n’est pas qu’une affaire de femmes. En tant que homme, que père, on ne peut pas fermer les yeux. Je suis fier d’aider à faire comprendre ça à d’autres hommes. »
Comme lui, 35% des hommes accompagnés ont agi concrètement, empêchant une excision dans leur entourage. Une mobilisation précieuse pour faire évoluer les mentalités et briser les tabous.
Former pour mieux protéger
Le GAMS Belgique intervient également auprès des professionnels de terrain – santé, droit, action sociale, éducation – en leur fournissant des outils, des connaissances et un cadre pour agir avec justesse.
Grâce à ces formations : 90% des professionnels se sentent capables de détecter une situation à risque, 81% estiment être légitimes pour aborder le sujet avec les personnes concernées, et 74% ont intégré les MGF dans leur quotidien professionnel.
Au-delà de sa mission, près d’un professionnel sur deux prolonge son engagement dans la sphère personnelle : sensibilisation, bénévolat, recherche…
Un acteur de référence
L’action du GAMS Belgique dépasse largement l’accompagnement individuel. À travers son approche cohérente, ancrée dans les réalités des communautés, l’association agit sur les normes sociales, crée du lien entre les acteurs du terrain, et fait évoluer les représentations.
Ses partenaires saluent son expertise, son humilité dans la collaboration et sa capacité à mobiliser tout un écosystème.
Le GAMS Belgique n’est pas seulement un acteur de terrain : c’est un moteur de transformation sociétale, en Belgique et au-delà.