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Globe Aroma : un lieu d’accueil pour les artistes exilés à Bruxelles

and - 12 July 2022
Le Globe Aroma a dédié tout un espace aux workshops – Crédits : Tory Kiliç.

Situé au cœur du centre-ville de la capitale, le Globe Aroma est un centre culturel flamand qui propose des ateliers partagés aux artistes réfugiés. Nous sommes allés découvrir ce lieu atypique et profondément vivant.

La devanture est cachée. Dans une rue calme de Bruxelles, à quelques pas de la Place Sainte-Catherine, une camionnette bloque l’accès à un bâtiment d’aspect banal, abritant un espace qui l’est beaucoup moins. Un indice confirme qu’on est au bon endroit, un petit panneau au-dessus de la porte : Globe Aroma. Des hommes s’attèlent à vider le contenu du fourgon dans un certain boucan. Notre entrée “se fera” par la camionnette.

Un joli « bordel » à regarder

L’espace que nous découvrons de l’autre côté, au bout d’un long couloir et d’une petite cour, accueille le Globe Aroma, une ASBL flamande. Conçu comme un lieu de travail permettant aussi les rencontres artistiques, le Globe Aroma est un centre culturel qui fournit un atelier partagé et du matériel à des artistes réfugiés, pour qu’ils puissent créer dans des bonnes conditions. Son but, comme décrit sur son site, est d’offrir « de l’espace, du temps et un réseau aux artistes, aux co-créateurs et aux amateurs d’art ayant un parcours issu de l’immigration. »

Fondé en 2002 pour « remédier au manque d’espace de création et de présentation pour les artistes réfugiés », le Globe Aroma va fêter ses 20 ans en tant qu’ASBL. L’espace actuel, une ancienne usine de teinture de jeans, a été investi en 2015.

Amina Saâdi, responsable de projets, et An Vandermeulen, la coordinatrice artistique du Globe Aroma nous reçoivent. « Nous avons profité de la crise Covid en 2020 pour nous renouveler et remodeler notre fonctionnement », racontent-elles tout en nous guidant à travers les différents espaces qui composent le lieu. Déambuler au Globe Aroma, c’est être baladé d’une création à l’autre. « Désolé, aujourd’hui c’est un peu le bordel », s’excuse, ainsi, Amina Saâdi, en rigolant.

Le « bordel » est pourtant très joli à regarder : ici des peintures, là des sculptures, toutes sortes d’œuvres au sol, aux murs ou pendantes au plafond. Le Globe Aroma est en pleine effervescence. « On prépare un festival dans nos locaux à la fin du mois », expliquent-elles. Il s’agit du Summer of Globe, sorte de portes ouvertes annuelles permettant de montrer les productions artistiques des résidents. Des performances et concerts sont également prévus.

Le Summer of globe se déroulera du 29 juin au 09 juillet 2022 – Crédits : Tory Kiliç.

 

L’importance de « l’hospitalité »

Depuis l’entrée, on passe inévitablement par la cuisine, ouverte et partagée (à l’image de l’ensemble de l’espace culturel), qui tient une haute importance symbolique. « C’est la première étape de l’accueil », insiste Amina Saâdi, avant de développer. « C’est ici que l’on se rencontre et qu’on échange pour la première fois avec les résidents ». Autour d’un thé ou d’un café, la cuisine offre « un moment d’hospitalité » aux nouveaux arrivants. C’est l’occasion pour l’équipe du Globe Aroma d’effectuer un entretien informel avec les potentiels futurs résidents. « On prend toujours le temps de discuter avec eux, d’échanger pour avoir une idée de ce qu’ils veulent et identifier leurs besoins. »

Dans son nouveau fonctionnement, le centre culturel renouvelle ses résidences tous les trois mois, via un appel à candidatures. « C’est aussi le moment de faire un bilan avec les artistes déjà résidents, pour évaluer ce qui va et ce qu’ils veulent améliorer », précise An Vandermeulen. « Et si ça leur convient, ils peuvent prolonger leur résidence et continuer d’utiliser les ateliers. »

Le reste du rez-de-chaussée est dédié aux workshops et aux événements, organisés régulièrement. « Notre objectif à terme serait d’organiser un workshop par jour, mais on n’y est pas encore », détaille Amina Saâdi. Les principaux projets actuels sont Espace femmes, qui propose différents ateliers d’apprentissage aux femmes, et Art for All, le plus vieux projet de Globe Aroma, qui consiste à faire découvrir et rendre accessible l’offre culturelle de la capitale au public migrant.

Plusieurs sorties culturelles sont ainsi organisées chaque mois, gratuitement, grâce aux partenariats de Globe Aroma avec des festivals et d’autres centres culturels. « Ces sorties permettent d’accroître notre visibilité et de toucher de nouveaux publics. Chaque participant peut être un potentiel futur résident », ajoute Amina.

Diversité artistique, diversité linguistique

Le nouveau cœur du Globe Aroma se trouve à l’étage, c’est l’atelier partagé où chaque artiste dispose d’un espace de travail. La salle, récemment investie, est baignée de lumière venant du toit transparent. L’ambiance est silencieuse et studieuse. Chacun est dans son coin, concentré sur son travail. Ici, tout se fait dans le calme, les gens parlent doucement. Des artistes actifs dans diverses disciplines sont présents : un dessinateur, des sculpteurs, des créatrices de mode, des designers… Chaque zone de l’atelier correspond à un domaine. On sent l’odeur des peintures, on entend les tracés des crayons, le maniement des outils… Les discussions se font majoritairement en français, en flamand, en anglais, et dans d’autres langues parfois. « Les membres du staff, comme les résidents, tout le monde parle plusieurs langues. Donc, on change de langue en fonction des gens, et parfois on fait des mélanges ! », confirme An d’un air amusé.

L’atelier partagé du « Globe Aroma » accueille des sculpteurs, des créateurs, des designers… – Tory Kiliç
Deux résidents du Globe Aroma en pleine création – Crédits : Tory Kiliç.

En plein développement, le Globe Aroma veut désormais acheter le bâtiment qu’il loue pour le moment. Une étape supplémentaire pour l’affirmation du lieu, qui ambitionne d’être un « réceptacle » important pour tous les artistes réfugiés à Bruxelles. « Nous voulons servir de tremplin à ces artistes, leur fournir des contacts pour qu’ils puissent aussi exercer leur métier ailleurs », résume Amina. Lorsqu’on lui demande de quoi le centre a désormais besoin, cette dernière s’exclame : « Des financements, toujours ! »

La fresque « The Mural » à l’entrée du Globe Aroma – Crédits : Tory Kiliç.

À notre sortie, le camion est parti, et nous découvrons une magnifique fresque, celle qui accueille normalement les visiteurs. C’est The mural, une composition en l’honneur des valeurs féministes, réalisée par Espaces femmes lors du Summer of Globe de l’an passé. A l’image du Globe Aroma : colorée, généreuse et créative.