« Tous ensemble, tous ensemble, grève générale ! » : plongée au sein de l’activisme étudiant
L’Union syndicale étudiante (USE), située sur le campus Solbosch de l’ULB, représente la force de lutte par les étudiant.e.s pour leurs droits. Le syndicat indépendant lutte pour un enseignement démocratisé, permettant l’accès et la réussite à tous.tes. La précarité étudiante est sa grande bataille, qui touche de plus en plus d’étudiant.e.s notamment due à l’inflation provoquée par les conflits en cours. Luna et Arthur, activistes de l’USE, ainsi que d’autres activistes étudiants racontent leur militantisme au quotidien.
Reportage aux côtés de l’Union Syndicale Étudiante et d’autres syndicats le 8 mars 2023, la journée pour les droits des femmes
C’est ce que Pétronille, activiste de l’USE, confie devant l’université ce mardi 8 mars 2023, journée de lutte pour les droits des femmes. Cela fait donc plusieurs années que l’université est bloquée dès l’aube le 8 mars, en soutien aux étudiantes, travailleuses et aux femmes, mais également en soutien à tous les étudiants, pour lutter pour une éducation équitable et juste.
L’activisme étudiant peut donc se résumer à une lutte sans relâche avec à chaque fois les mêmes revendications : lutte contre la précarité étudiante, lutte pour un enseignement égalitaire et non discriminatoire, combat pour la justice sociale et contre la société capitaliste. Les étudiant.e.s à l’ULB sont représenté.e.s par les deux principaux syndicats de l’USE et du COMAC (pour Changement, Optimisme, Marxisme, Activisme, Créativité).
Luna, 19 ans, et Arthur, 21 ans sont activistes depuis plusieurs années à l’USE. Elle est française, originaire de Grenoble, et commence à se syndiquer en « arrivant en ville », à Bruxelles, en Bac 1. Lui est bruxellois, et depuis ses 15 ans, il est militant. Après le collectif Extinction Rebellion (XR) et la FGTB, les organisations syndicales et patronales, il arrive à l’USE et compte déjà comme un ancien au syndicat.
Zoé, étudiante en Bac 1 de psychologie à l’ULB, est membre du COMAC. Elle a 19 ans et milite depuis le milieu du secondaire.
Esther Tack, étudiante-stagiaire infirmière de 24 ans, est flamande et fait partie du groupe politique Groen, l’équivalent flamand du groupe Écolo. C’est par l’étude du domaine des foules et des manifestations qu’elle s’est intéressée à l’activisme.
Pétronille Robert, étudiante de 20 ans à l’ULB, est membre de l’USE. Elle fait partie du groupe féministe du syndicat, qui s’organise régulièrement pour mener des actions, notamment des collages. Elle parle d’une corrélation d’un féminisme inclusif et d’une lutte des classes pour représenter toutes les minorités.
« Non, nous n’allons pas prendre des cours de self-défense alors que les hommes ne savent pas faire preuve de self-contrôle ».
Le discours de Manon, déléguée du syndicat COMAC ULB, pour dire « j’en ai marre », marre d’être une femme ou s’identifiant comme et d’avoir des peurs là où un homme ne se poserait même pas la question.
L’activisme étudiant, un mouvement plus que centenaire
Si on parle d’un « mai 68 » français et d’un « mai 68 » anglais, ce n’est pas le cas en Belgique.
L’avènement des mouvements étudiants datent de la fin du XIXème siècle, avec l’émergence de l’idée d’un « corps étudiant », comme une identité propre au sein de la société. Les premières revendications germent pour améliorer les conditions matérielles et sociales des étudiants.
En Belgique, la conscience sociale s’élève, et la politique évolue après les grandes émeutes ouvrières de 1886. La démocratie politique belge se met en place en 1893 avec le suffrage universel, et le Parti Ouvrier Belge (grand ancêtre du PS) s’impose au niveau politique. À ce moment-là, une importante crise intellectuelle et philosophique traverse toute l’Europe.
C’est à la fin du XIXème siècle, et la crise universitaire, avec notamment deux conflits universitaires à l’ULB, dont des désaccords entre étudiants et « promoteur spiritualiste », qu’est fondée l’Université nouvelle de Bruxelles.
Les premières revendications de l’époque étaient celles visant la réorganisation de l’ULB, et particulièrement pour que les étudiants et professeurs aient plus de voix dans les instances de décisions. En 1890, le principe de libre-examen est finalement inscrit dans les statuts de l’université, ainsi que l’accès de plus d’étudiants à l’université.
En Europe, c’est l’année 1968, et surtout le mois de mai, qui sera le plus important mouvement social de l’histoire de France du XIXème siècle.
Partant comme un élan de protestation lancé par les étudiants de l’université de Nanterre, puis les travailleurs, le pays sera totalement paralysé pendant plusieurs semaines, et l’Assemblée Nationale sera même dissoute par le général De Gaulle. Entre autres, le salaire minimum sera augmenté de 35%.
En Angleterre, aux occupations des universités de Birmingham et de Leicester s’ajoutent en octobre 1968, la manifestation nationale de Grosvernor Square contre la guerre au Vietnam. Le « mai 68 » anglais ne peut être comparé à son soi-disant équivalent français, mais c’est l’activisme étudiant qui mettra le pied à l’étrier aux mouvements sociaux considérés comme les plus importants dans l’histoire des deux pays.
« Cet article a été rédigé par une des étudiant.es en MA2 de l’ULB/VUB sous la coordination d’Alexandre Niyungeko, Gabrielle Ramain, Lailuma Sadid et Frisien Vervaeke. »